Résistance de la variété Platanor contre Ceratocystis platani - Évaluation des résultats d’expérimentation de contournement

Guide méthodologique et technique | Mise à jour : octobre 2023

Thématique : Gestion du chancre coloré du platane

Région : Échelle nationale

Année : 2019

Auteur moral (structure) : Anses Consulter le site Anses

A la suite d’une suspicion de sensibilité de la variété Platanor au chancre coloré du platane (Ceratocystis platani), l’arrêté ministériel du 22 décembre 2015 prescrit l’impossibilité de planter des Platanor en zone infectée (article 5), et l’obligation d’abattage des Platanor présents en zone infectée (article 6). De plus, une étude a été lancée par la DGAL qui visait en particulier à recenser les sites plantés en Platanor, et à mener une étude de suivi sur certains d’entre eux. Au regard des résultats de l’étude et de l’état des connaissances, il est demandé d’examiner les questions suivantes :
> Quel est le risque lié à la plantation de Platanor dans des zones infectées, et conditions de plantation éventuelles à assurer ?

> Quel est le risque lié au maintien de Platanor déjà plantés en zone infectée ? Ces travaux sont issus d'un collectif d'experts aux compétences complémebtaires.

 

Les experts formulent donc les réponses suivantes aux questions de la saisine :

1) Quel est le risque lié à la plantation de Platanor dans des zones infectées, et quelles sont les conditions de plantation éventuelles à assurer ?
Quelle que soit la réalité de la situation actuelle (contournement en cours avec risque de déclenchement d’épidémie chez les plants de Platanor, ou trop faible niveau de résistance de Platanor aux conditions d’usages dans les zones contaminée), le risque d’apparition de chancre coloré lié à la plantation de Platanor dans des zones infectées est jugé élevé, avec une incertitude faible. Cette conclusion s’appuie à la fois sur l’épidémiologie des foyers, l’analyse des sources de contamination (sol avec une forte pression d’infection, blessures dans l’environnement urbain, proximité de canaux) et le schéma de sélection originel du clone primaire de Platanor. En tout état de cause, des éventuelles implantations devraient être faites, a minima, dans de grandes fosses de 6 à 8 m3 avec un changement de la terre et désinfection de la terre retirée des fosses, sans aucune garantie que la maladie n’apparaisse pas à moyen terme.

2) Quel est le risque lié au maintien de Platanor déjà plantés en zone infectée ?

 

Au cours des décennies qui viennent, il convient de suivre les Platanor actuellement implantés en zone contaminées, afin de détecter rapidement d’éventuels nouveaux foyers de la maladie. Ces nouveaux foyers peuvent apparaître consécutivement à la contamination des arbres par les racines atteignant des zones du sol avec un fort inoculum, ou d’une voie d’eau, ou par des blessures de la partie aérienne générées dans un environnement urbain. Ce risque est jugé élevé, avec une incertitude modérée. Les experts formulent également les recommandations suivantes :
En conditions de fortes contaminations du sol (par exemple, le long du Canal du Midi à Trèbes et Villeneuve-lès-Béziers) ou en zones avec risques de fortes blessures (par exemple, Carpentras dans le Vaucluse), Platanor n'est pas résistant. Les experts recommandent de ne plus planter de Platanor en zones contaminées sauf, sur dérogations, dans des zones où les Platanor seraient dans une situation protégée (les parcs, les abords de zones vertes, de stades, les coulées vertes, etc.). Les plantations en zones non contaminées seraient possibles, sauf si ce sont des zones « à risque » de fortes blessures, comme un environnement urbain. Dans ce cas, la praticité d’un dispositif de protection des troncs et les précautions à prendre dans la manipulation des plants lors de leur implantation (en évitant par exemple une taille excessive des mottes racinaires) serait à étudier. Si un contournement de la résistance est en cours, les plants de Platanor actuellement malades sont des indicateurs de foyers épidémiques, et semblent se comporter, d’un point de vue épidémiologique, comme les platanes sensibles. Même si l'incidence actuelle est très faible (3 pour 1000 en PACA), les experts considèrent que de nouveaux foyers devraient apparaître avec une augmentation graduelle de l'incidence, quels que soient les sites considérés. D'autres épidémies - par exemple la chalarose du frêne - ont ainsi débuté avec quelques foyers isolés, avant de se généraliser sous la forme d’une vague épidémique. Conclusions et recommandations de l'ANSES : Le risque d’apparition du chancre coloré lié à la plantation de Platanor dans des zones infectées étant jugé élevé (avec une incertitude faible), l’agence recommande de ne pas planter de Platanor dans les zones infectées.

L’Agence recommande, par ailleurs, la poursuite du suivi des Platanor, déjà implantés, pour étudier le devenir de l’état sanitaire des plants sur un pas de temps plus long tout en augmentant le nombre de plants observés. Les données ainsi collectées devraient permettre une étude épidémiologique plus robuste. L’Anses recommande également la caractérisation systématique des souches de C. platani présentes sur les arbres malades afin de mener une étude de génétique des populations du champignon.