Comment mieux utiliser les produits phytos ?

(Dernière mise à jour le 15 déc 2016)

Que ce soit pour des enjeux sécuritaires, économiques, ou techniques, les produits phytosanitaires continuent à être utilisés par les gestionnaires de JEVI. Décriés pour les impacts qu’ils engendrent sur la santé ou l’environnement, il existe des mesures qui permettent de limiter ces impacts et de traiter dans un meilleur respect des utilisateurs, des usagers et des milieux. La mise en place du certificat individuel phytosanitaire ou certiphyto, indispensable à tout utilisateur professionnel depuis fin 2015, a permis aux gestionnaires de mieux être informés sur ces différents aspects.

 

Les impacts des produits phytosanitaires

Impact sur la santé humaine

De par leurs propriétés intrinsèques, les produits phytosanitaires représentent un risque pour la santé humaine lors d’une exposition inopinée. Elle peut être directe pour les utilisateurs professionnels en charge de l’entretien des JEVI - contact lors de l’application, passage sur un site traité … - mais concerne également les particuliers lors de l’entretien de leurs jardins et potagers. L’exposition aux pesticides peut aussi être indirecte ou secondaire -  par l’air, l’eau, l’alimentation… - et est susceptible de concerner dans ce cas l’ensemble de la population.

Pour les utilisateurs de produits phytosanitaires, les risques d’exposition ponctuelle ou prolongée, pouvant provoquer respectivement des intoxications aigües ou chroniques, augmentent lors de la préparation de la bouillie (2/3 des contaminations), notamment à cause de problèmes techniques lors du remplissage de la cuve ou d’un débordement. Il y a également un risque lors de l’application (manipulation du pulvérisateur …) d’un contact avec les végétaux traités ou d’un problème technique.

Ponctuellement, l’intoxication aigüe provoque des irritations, des lésions (yeux, peau), des brûlures, des intoxications, de l’asthme, des évanouissements …, et ce en cas d’accident mais également en cas de mauvaise manipulation. De manière prolongée, l’intoxication, due à une exposition à de petites doses répétées dans le temps, peut être la cause d’effets graves pour les organes - cancers, maladies neurologiques, baisse de la fertilité….

Les risques vont ainsi varier en fonction du profil toxicologique du produit (danger du produit) mais aussi de la nature des expositions et de leurs intensités.

Impact sur l'environnement

Les JEVI ne représentent en proportion qu’une faible part des produits phytos utilisés en France (de 5 à 10%). Parmi ces produits, environ 20 % sont utilisés par les professionnels (entretien des espaces verts publics, des voies de communication …), contre 80% par les particuliers. Si les quantités utilisées par les utilisateurs non agricoles sont largement inférieures à celles utilisées par les agriculteurs, les zones d’application des pesticides par ces gestionnaires (trottoirs, pentes de garage, fossés…) font craindre une pollution des eaux plus directe. En effet, des travaux ont montré que la contamination des eaux de surface pouvait, dans des zones urbanisées, être majoritairement issue de pratiques en milieu urbain par le ruissellement sur des surfaces imperméables.

La perte dans l’environnement diffère selon les propriétés de la molécule et des paramètres exogènes à celle-ci (sols, lieux, mode d’application, conditions climatiques…). En effet, seule une partie de la quantité épandue atteint réellement la cible visée. Le reste est diffusé dans l’environnement (pollution du sol, de l’eau, de l’air …) et peut atteindre des animaux et/ou des plantes « non cibles ». Les écosystèmes s’en trouvent ainsi perturbés et durablement affectés. 

Suivi des impacts

Afin de quantifier et mieux comprendre les impacts des pesticides sur l’environnement, des services de l’Etat (DREAL, DRAAF, ANSES, Agences de l’eau, Agences régionales de surveillance de la qualité de l’air …) ou des organismes de recherche (INRA …) organisent un suivi régulier des contaminations dues aux produits phytosanitaires. Ces suivis peuvent donner lieu à des préconisations en termes de protection de la nature mais également de la santé. D’autres suivis et études s’intéressent plus spécifiquement aux impacts des produits phytosanitaires sur la santé, et en particulier du lien entre produits phytosanitaires et cancers. Ces initiatives sont portées par des organismes tels que l’ANSES, la MSA, ou l’InVS.

 

Réduire les risques pour la santé et l’environnement

Les principes présentés ici découlent aussi bien de mesures législatives et réglementaires, par conséquent obligatoires, que de recommandations issues des bonnes pratiques d’utilisation des produits phytosanitaires. Organisées par grands thèmes (santé, environnement …), ces exemples de mesures ont cependant pour la plupart un impact à différents niveaux.

Tout commence par le choix des produits

La réduction des impacts passe tout d’abord par le choix même des produits utilisés. Si aucune solution alternative n’est adaptée, privilégiez les produits : 

  • Sans classement, notamment sur les sites fréquentés par des personnes vulnérables (enfants, personnes malades ou âgées) ;
  • Se dégradant le plus vite, comme c’est le cas en général pour les produits d’origine naturelle ;
  • Moins sensibles aux lessivages, à savoir les produits systémiques plutôt que de contact.

De plus, afin d’éviter des traitements inutiles par manque d’efficacité : 

  • S’assurer que le produit est utilisable et efficace contre le bio-agresseur cible ;
  • Respecter les conditions d’utilisation du produit, décrites sur l’étiquette ;
  • Eviter les produits connus pour engendrer des résistances ;
  • Varier les modes d’actions et les familles chimiques pour limiter le développement de résistances et l’accumulation dans l’environnement ;
  • Traiter à des températures adaptées pour que le produit soit capable d’agir.

La réduction des impacts se joue aussi dans la manière d’utiliser les produits en adaptant les doses à l’état et la distribution de l’organisme cible - calculer le volume de bouillie nécessaire au plus juste, privilégier le traitement par tâche, utiliser des pulvérisateurs à détection infra-rouge …

Protéger la santé humaine

Protéger la santé des applicateurs

Pour limiter les risques de contaminations lors de la manipulation des produits : 

  • Eviter tout contact avec la peau, les yeux, la bouche : ne pas boire, manger ni fumer dès lors qu’on est en contact avec un produit ;
  • Porter des équipements de protection individuelle (EPI) - gant, bottes, combinaison, lunette, masque - dès lors que l’on est en contact avec un produit (de la préparation de la bouillie au nettoyage du matériel de pulvérisation) ;
  • Minimiser la durée d’exposition aux produits en établissant un roulement des applicateurs, en évitant de pénétrer dans le nuage de vaporisation ;
  • Maintenir le matériel en bon état pour éviter tous risques de projection ou de fuite ;
  • Stocker ces produits dans un local/armoire phytosanitaire aux normes pour assurer la sécurité des personnes, des milieux naturels et conserver l’efficacité des produits stockés.
  • Se laver les mains, le visage ou prendre un douche après toute manipulation de produits.

La lecture de la fiche de données sécurité (FDS) et de l’étiquette du produit permet de mieux comprendre les risques présentés par le produit et de mettre en place les mesures appropriées pour les éviter.

Protéger la santé des usagers

A mettre en œuvre sur les espaces ouverts ou accessibles au public :

  • Fermer l’accès au site pendant la réalisation du traitement et les 6h qui suivent (jusqu’à 48h pour les produits les plus toxiques) ;
  • Ne pas traiter sur les horaires d’utilisation du site par les usagers ;
  • Limiter la dérive des produits en utilisant des buses anti-dérives, en installant des haies, en traitant par vent nul ou faible.

Protéger l’environnement

Protéger la ressource en eau

  • Ne pas traiter sur les zones à risques pour la pollution des eaux en respectant les zones de non traitement (ZNT), en mettant en place un plan de désherbage ;
  • Eviter le retour de bouillie dans le circuit d’alimentation en eau en installant un système évitant le retour de la bouillie par siphonnage, en vérifiant qu’il n’y ait pas de pluie pendant ni après le traitement.

Protéger les organismes non cibles

  • Ne pas utiliser d'insecticides ou acaricides pendant les périodes de floraison ou de production d’exsudats (miellat) ;
  • Privilégier les produits plus spécifiques avec un spectre d’action limité, compatibles avec les auxiliaires et les pollinisateurs.

Protéger le milieu naturel

  • Eviter la fuite de bouillie vers le milieu naturel lors du remplissage en le surveillant, en installant un dispositif anti-débordement ;
  • Gérer les effluents phytosanitaires en diluant le fond de cuve avant épandage sur la surface traitée ou en le versant dans un système de traitement des effluents ;
  • Gérer les emballages vides de produits phytosanitaires (EVPP) et  les produits phytosanitaires non utilisables (PPNU) en les transportant vers les centres éliminateurs de déchets spéciaux agréés ou en les remettants à votre fournisseur. 

Lettre d'infos et veille

Abonnez-vous à la lettre d'information et au bulletin de veille du site

M'abonnerConsultez le dernier bulletin de veille