Comment se passer des produits phytos ?

(Dernière mise à jour le 15 déc 2016)

Si le recours aux produits phytosanitaires peut parfois s’avérer indispensable, il existe néanmoins une panoplie d’actions à mettre en œuvre pour s’en passer. De la conception des espaces aux bonnes pratiques de gestion, cette page liste tous les leviers d’action disponibles pour les gestionnaires et entreprises.

Concevoir des espaces écologiques

En amont du projet

C’est dès la phase de programmation d’un espace qu’il faut afficher clairement l’ambition écologique du projet. Pour s’en donner les moyens, définir un budget adapté est essentiel, avec une approche globale intégrant les dépenses d’investissement comme celles de fonctionnement. En effet, la gestion écologique nécessite des changements de pratiques et la mobilisation de nouvelles compétences que les jardiniers doivent acquérir en formation.

Partager le projet et associer tous les acteurs concernés aux différentes étapes sont autant de garanties de réussite. Il est ainsi utile de mobiliser l’expertise de terrain de l’équipe de jardiniers. Une communication claire et la participation des usagers à l’élaboration du projet sont des facteurs assurant une meilleure appropriation de l’espace, ainsi qu’une opportunité de sensibilisation aux enjeux liés aux produits phytosanitaires.

Pendant la conception

La conception du projet doit mettre en place les conditions nécessaires à la bonne santé des végétaux pour réduire leur sensibilité aux organismes nuisibles et éviter les configurations favorables au développement des bio-agresseurs. Plusieurs leviers existent :

  • Choisir les végétaux adaptés à leur environnement (notamment sol, climat, exposition, etc.)

On privilégiera ainsi les espèces rustiques et/ou locales plutôt qu’exotiques et des variétés résistantes ou tolérantes aux bio-agresseurs dans les zones à risque. La diversification des espèces et les associations végétales sont à favoriser en termes de composition.

  • Anticiper le développement et la conduite des végétaux

Le développement des végétaux, leur caractère envahissant et la densité de plantation sont des critères à étudier pour faciliter l’entretien une fois implantés. L’irrigation peut constituer un facteur aggravant d’apparition de problèmes sanitaires : si elle est nécessaire, on privilégiera le goutte-à-goutte.

  • Privilégier les surfaces rases et intégrer le mobilier urbain

Les interstices sont des espaces privilégiés pour le développement de la flore spontanée : on limitera donc les ruptures de revêtement.

  • Mettre en scène la flore spontanée ou la limiter

On peut valoriser la flore spontanée en la laissant s’exprimer et en l’entretenant là où elle crée des ambiances nouvelles (trottoirs bordés de plantes sauvages, fauche de prairies, etc.). Ailleurs, on pourra limiter son développement par le paillage, les couvre-sols ou l’enherbement (cf. plus bas).

Mettre en place une gestion écologique

Planifier l’entretien

Planifier l’entretien permet d’anticiper les contraintes et d’optimiser la gestion des espaces. Plusieurs outils existent, mais deux d’entre eux permettent une vision systématique de l’espace :

  • Le plan de gestion différenciée

La gestion différenciée cherche à adapter le niveau d’entretien des sites en fonction de leur usage. Généralement réfléchie à l’échelle communale, elle inventorie les espaces en les qualifiant (critères quantitatifs et qualitatifs), les classe selon des codes-qualité (3 à 5 en général), et décrit toutes les opérations d’entretien associées à chacune des classes.

  • Le plan de désherbage

Le plan de désherbage est un outil de gestion des risques pour préserver la ressource en eau. Le principe est de choisir pour chaque site les techniques de désherbage à utiliser en fonction du risque de transfert. Pour ce faire, lister les zones à entretenir, les risques associés et les pratiques existantes permet d’élaborer un diagnostic partagé, et d’établir les prescriptions adéquates en termes d’itinéraires techniques.

Eviter de désherber

La première étape consiste à changer de regard sur la flore spontanée pour mieux l’accepter. La galerie AcceptaFlore recense les stratégies et outils de communication mobilisés par les gestionnaires pour parler de ce sujet aux habitants.

En complément de cette approche, plusieurs techniques existent pour éviter de désherber :

  • Les paillages et couvre-sols

Minéraux, organiques ou sous forme de films, les paillages peuvent présenter de nombreux autres intérêts (esthétiques, économie d’eau ou entretien de la microfaune du sol pour les paillages organiques). Si les plantes couvre-sols sont efficaces, la gamme utilisée mériterait d’être encore plus large.

  • L’enherbement

C’est une excellente solution pour la gestion des aires sablées, dans les parcs comme sur les cheminements. Il peut être spontané, sans ou avec apport de substrat, et nécessite la mobilisation de moyens pour l’entretenir (tonte, fauche).

Prévenir plutôt que guérir : les mesures prophylactiques

Les mesures prophylactiques permettent de prévenir ou limiter l’installation et le développement d’un bio-agresseur. Il existe deux principales mesures de prévention :

  • Eliminer les sources de contamination

Il s’agit de ramasser les feuilles des arbres tombées au sol pour éliminer les formes de conservation hivernales des bio-agresseurs (mineuse du marronnier, tâches noires du rosier …), désinfecter les outils utilisés pour intervenir sur les végétaux, etc.

  • Favoriser l’installation de la faune utile (lutte biologique par conservation)

On crée un environnement favorable à l’installation des auxiliaires : nichoirs à mésanges pour le contrôle des populations de processionnaires du pin, fauche tardive des accotements routiers pouvant héberger une faune auxiliaire, etc.

Les mesures prophylactiques sont la première étape d’une démarche de protection biologique intégrée (PBI).

Utiliser des techniques non chimiques

En cas de problème phytosanitaire nécessitant une intervention, des méthodes de lutte biologique non chimiques peuvent être utilisées :

  • Lutte mécanique : éliminer les parties des végétaux infestés par une opération de taille sanitaire
  • Lutte physique : mettre en place une barrière physique entre le végétal et son bio-agresseur (glu, filet, etc.)
  • Lutte biologique par conservation : utiliser les auxiliaires en favorisant leur colonisation spontanée (présence de plantes hôtes). Des lâchers d’auxiliaires et l’installation de gites à insectes et de nichoirs pourront compléter ce dispositif si nécessaire.
  • Lutte avec des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) : non considérées comme des produits phytosanitaires, elles peuvent être utilisées pour renforcer la santé du végétal.

Pour le désherbage, le principe des techniques alternatives repose principalement sur l’utilisation de procédés physiques :

  • Méthodes thermiques : à infrarouge, à flamme directe, à vapeur, à eau chaude, à mousse chaude
  • Méthodes mécaniques : binette, brosse rotative, balayeuse, dispositifs de travail du sol (châssis-piste, sabot rotatif, herse rotative)

Les retours d’expériences de l’utilisation de ces méthodes convergent vers des avantages mais aussi des limites et questionnements notamment sur leur coût et leur impact global sur l’environnement (consommation en énergie fossile, en eau, problématiques d’invasion, etc.).

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